« Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité » : les biopics musicaux de Todd Haynes et la mise à nu des pièges de l’identité
Resumen
Échappant à toute tentative de figement par un discours et une image médiatiques ou cinématographiques, dont elles interrogent la nature, les figures de musiciens dans les trois biopics musicaux de Todd Haynes, Superstar : The Karen Carpenter Story, Velvet Goldmine, et I’m Not There, relèvent précisément de l’infigurable. La chanteuse Karen Carpenter, défigurée par la maladie, l’est aussi par la société du spectacle et par les nombreuses copies clandestines du film qui semble avoir épousé sa disparition progressive. Le personnage de Brian Slade, profondément malléable, passe de la représentation d’une star androgyne et provocatrice de la scène glam à celle d’un chanteur de musique commerciale asservi au pouvoir conservateur en place. Quant à la figure de Bob Dylan, à la fois partout et nulle part, elle est à chercher par le spectateur dans le miroitement et l’enchevêtrement de ses figurations multiples. Face à une identité subjective et musicale changeante et polymorphe, le corps poétique et musical de la voix du musicien parvient cependant à recréer une présence cohérente et à nous y attacher.
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